Luxuriantes et bénéficiant de conditions climatiques optimales, les forêts de la Vallée d’Illiez font la part belle aux paysages que vous découvrez lors de vos randonnées. S’étalant des bas coteaux en plaine, à une altitude de 450 m jusque sous les Dents du Midi au alentours des 2000 mètres, les étages de végétations se succèdent dans une harmonie parfaite qui respecte les différentes essences selon leur station de prédilection.
Il faut savoir que le Val d’Illiez, aussi appelé Vallée de l’eau en raison des quantités annuelles enregistrées au niveau hydrique sont les plus importantes du Canton. Comparativement à d’autres régions du Valais, les quantités de précipitation accumulées sur une année représentent plus du double sur nos monts que par exemple sur la région de la capitale du canton. Une année normale accueille environ 1200 mm/an sur le Val d’Illiez alors que le Valais central comptabilise environ 600 mm/an.
Cela principalement dû au fait que la chaine des Dents du Midi fonctionne comme un barrage à l’arrivée des nuages chargés d’humidité. Ce frein naturel contribue donc à une végétation prospère et les nuages se déversent sur toute la vallée. Cela entraine parfois de fortes intempéries qui mettent à mal nos infrastructures, mais les terres riches au développement de la forêt fonctionnent comme des éponges et ont la capacité d’emmagasiner énormément d’eau.
On parle d’ailleurs de deux climats bien distincts en Valais. Du Chablais jusqu’au coude de la vallée du Rhône, respectivement à Martigny, le climat y est plus humide et les variations de températures y sont moins importantes. C’est donc le climat océanique qui prédomine. A l’inverse, depuis Martigny en direction du Valais central, on parle de climat continental, avec moins de précipitation mais des variations de températures plus importantes, tant entre les saisons qu’entre les journées et les nuits.
Vous l’aurez deviné, le climat a donc une incidence très marquée sur le développement de la strate arbustive et plus spécialement sur les essences que l’on peut trouver d’une région à l’autre ou d’une altitude à l’autre. Les périodes de végétation, qui se résument par le temps où l’arbre a toutes les conditions requises pour se développer, seront donc bien plus longues à basse altitude qu’en montagne. C’est pour cette raison que les arbres sont plus petits en altitude, mais cela ne signifie pas qu’ils sont moins vieux. Un climat tel que l’on peut trouver sur le Val d’Illiez a donc pour effet de favoriser les essences qui affectionnent particulièrement l’eau et plus spécialement le sapin blanc, dans une moindre mesure l’épicéa, bien que très présent dans les forêts, le frêne, certains érables, le saule ou même le sorbier des oiseleurs, qui du reste est très apprécié par nos chers oiseaux et qui fait le bonheur des ornithologues amateurs ou chevronnés.
Vous trouverez sur les fonds de la vallée des essences à feuilles caduques, ce qui signifie qu’elles vont tomber en automne pour se redévelopper au printemps de leurs bourgeons (feuillus) et en tournant votre regard vers les monts vous apercevrez plus de résineux, soit des sapins blancs, des épicéas, voir des mélèzes (feuilles persistantes). Ces derniers perdent également leurs feuilles ou plutôt leurs aiguilles, mais sur un cycle généralement beaucoup plus long, par petites quantités, durant 7 ans.
Cette forêt ne sert d’ailleurs pas seulement à agrémenter les paysages radieux. Elle contribue à sa façon, mais avec beaucoup d’importance, à nous apporter ses bienfaits et honore depuis bien longtemps les fonctions que l’homme lui impartit. Tantôt protectrice, elle stabilise le manteau neigeux et freine les avalanches, dévie les cailloux qui se détachent de nos montagnes, maintient les sols par ses réseaux de racines et évite des éboulements qui pourraient avoir de graves conséquences. Elle s’immisce dans plusieurs cycles naturels et par ses racines elle filtre l’eau que l’on retrouve dans nos robinets. Elle est tellement fabuleuse qu’elle arrive à capter le carbone généré par nos activités et par le phénomène de la photosynthèse, elle le transforme dans ses feuilles pour qu’il en ressorte de l’oxygène. Mais ce n’est pas tout, ses troncs peuvent nous fournir de la chaleur lorsqu’ils sont conditionnés en bûches ou en plaquettes, mais aussi nous servir à construire des maisons, des meubles et même des ouvrages de protection contre les avalanches. Le bois de construction est donc très important car il a pour avantage d’emprisonner le carbone emmagasiné durant sa croissance et de ne le restituer dans l’atmosphère seulement lorsqu’il sera brûlé ou en phase de décomposition. Les très vieux chalets du Val d’Illiez contribue donc depuis des décennies au climat de notre planète et par la force des choses, au patrimoine reçu de nos ancêtres. Toujours cette même forêt nous accueille pour nos diverses activités de loisirs et nous procure un bien être ressourçant et vivifiant. Mais cet habitat de la faune sauvage et de la flore va encore plus loin et se retrouve dans notre quotidien sans qu’on le sache, sous forme de cellulose qui a une forte teneur en lignine et qui nous vient tout droit… des arbres et plus spécialement des fibres qui sont extraites de ces derniers, pour se retrouver dans la pâte de dentifrice ou même dans certains jus d’orange par exemple.
Cette même forêt à besoin de nous… et nous avons besoin d’elle. Nous devons en prendre soin et l’entretenir avec les connaissances que nous avons. Les coupes de bois peuvent parfois choquer mais elles sont nécessaires pour son renouvellement et afin qu’elle puisse continuer à garantir la protection et tous les bienfaits qu’elle nous procure au quotidien. Le bon sens doit prédominer et la population doit comprendre que les professionnels de la forêt sont là pour garantir la sécurité de tous et permettre une continuité des activités dans un milieu riche sous tous les plans.
Un peu d’histoire
A l’époque, le Val-d’Illiez était connu et reconnu comme étant le grenier à bois du Valais. On dit même qu’il aurait été prévu de venir chercher le bois dans la vallée si un village du canton devait disparaitre suite à un incendie. Cette génétique forestière est donc restée encrée dans les veines de ses habitants et de tout temps des bûcherons ont vécu de l’exploitation des forêts dans la vallée mais également dans le reste du canton.
Dans les années 60, de forts ouragans ont dévasté successivement les forêts du Val d’Illiez. On parle de près de 100’000 m3 de bois qui auraient été renversés. Un long travail de déblaiement s’en suivi sur plusieurs années et c’est en grande partie grâce à ce malheur que les routes ont été réalisées sur les communes de la vallée. Permettant entre autres, le développement de l’agriculture, du tourisme et du ski. Par la suite, des milliers de petits arbres ont été replantés pour que la nature puisse vite reprendre ses droits et ainsi laisser une forêt prospère aux générations futures. A croire que l’homme, de tout temps, aura eu à cœur de travailler en symbiose avec cette nature, cette forêt.